Les enfants des ténèbres
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 Aux abords du Bassin Octogonal

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Guillaume

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MessageSujet: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptyMar 1 Juil 2008 - 9:53

Ça aurait pu être une soirée comme il en avait déjà vécue en nombre, qu'il ne comptait plus depuis longtemps. Elle avait commencé par une chasse rapide mais aussi délicieuse que d'habitude, une adorable provinciale que le manque d'argent avait jetée à la rue, après n'avoir vécu qu'un mois dans une ville qu'elle ne comprenait pas. Si le vampire ne s'était repu de sa jeunesse encore fraîche, il aurait été plus que probable que la jeune femme finisse sa vie dans un bordel. On ne lui avait pas laissé le choix quoi qu'il en soit, et Guillaume, devant le drame qui était joué ce soir dans l'un de ses théâtres préférés, devait bientôt oublier son visage dont les cheveux roux lui faisaient comme une couronne jusque dans la mort.

Comme à son habitude chaque fois qu'il sortait en société depuis quelques semaines, il était accompagné des mêmes personnes. L'un était un diacre qui n'avait embrassé les ordres que parce que c'était là le seul moyen pour ce cadet d'une famille bourgeoise et nombreuse de monter dans la société, de s'offrir belle vie et subtile éducation. Son penchant avéré pour le beau sexe laissait entendre assez qu'il ne devait pas respecter au moins l'un des vœux que tout religieux se doit d'observer. Ce dont naturellement ses compagnons ne lui tenait pas rigueur, d'autant plus qu'il faisait preuve d'une verve acérée dès lors qu'il s'agissait de critiquer une nouvelle œuvre, était aussi capable du plus beau compliment que de la pire insulte avec un flegme qui aurait pu être britannique tant il était à la limite du supportable et l'on se fiait bien à son jugement. Jugement qui l'avait mené à se lier d'amitié avec d'Artevenn dont il appréciait l'esprit, l'habileté musicale et cette petite pointe de mystère si particulière, mais aussi à un autre cadet, de l'aristocratie cette fois, engagé dans l'armée et profitant allègrement de ce qu'il ne fut pour le moment pas appelé sous les drapeaux pour se repaître des plaisirs de la capitale, en rencontrer les actrices les plus charmantes qu'il présentait ensuite généreusement à ses compagnons. D'autres n'avaient pu se déplacer ce soir, mais leur absence était compensée par la présence d'un jeune danseur qui éblouissait déjà par son talent, Gaëtan Vestris. Il avait vécu en Italie et à Vienne, aussi le baron d'Artevenn n'avait été guère surpris du succès du jeune homme, il n'était pas nécessaire d'être un vampire pour tomber sous le charme de la grâce du jeune homme dès lors que la musique le faisait se mouvoir.

En leur compagnie que l'amour de la raison ne rendait pas morose, puisqu'au moins pour deux d'entre eux, elle servait beaucoup à se donner des libertés, il se sentait étonnamment jeune. Mais quand bien même il portait les mêmes mises que les jeunes nobles, cette nuit-là dans de pâles tons gris vert qui n'étaient pas sans rappeler ses yeux, se coiffait de la même manière et semblait mener même train de vie, il n'en restait pas moins que Guillaume ne faisait jamais preuve de leur fougue, grands élans d'enthousiasme pour de beaux idéaux humanistes et paraissait être trop désillusionné pour un homme d'une vingtaine d'années qu'il était supposé être.

Oui, ça aurait pu être une soirée de plus, le jeu des acteurs restant assez bon pour que le diacre s'en trouvât contenté. Dès que les applaudissements baissèrent en intensité, d'Artevenn et Vestris souhaitèrent la bonne nuit aux deux autres qui avaient leurs propres projets communs qui concernaient de fort jolis jupons, tandis que baron et danseur se rendaient aux jardins des Tuileries. Celui-ci avait été ouvert cette nuit d'été, accueillant quelques musiciens et autres artistes désirant faire connaître qui ses poèmes, qui ses essais, qui sa belle voix. Aux yeux des mortels, la nuit donnait au lieu une certaine magie propre à l'inspiration mais la lumière venant des torches minutieusement placées incitait plus aux conversations à mi-voix et à l'écoute qu'aux déclamations et débats enflammés.

Au cours de cette si longue soirée, qui ne ressemblerait finalement pas tant aux autres, Guillaume avait senti une autre présence immortelle. Réalisant de qui il s'agissait, aurait-il été moins maître de lui-même, son sourire amusé par une remarque de son voisin se serait effacé, ses sourcils se seraient froncés, cela lui évoquait trop de sentiments contradictoires. En lieu de quoi, il se tint à la ligne de conduite qu'il s'était fixée et continua d'agir comme si de rien n'était. D'autant qu'il lui fut offert une superbe occasion de détourner son attention.

Comme la nuit était à son apogée, l'heure pour la majorité des présents était au départ. Guillaume les aurait probablement imités s'il n'y avait eu parmi un trio de musicien, un joueur de vielle et un autre de citole. Ce n'était pas tant les joueurs qui lui donnaient envie de rester que leurs instruments dont les sonorités et les mélodies semblaient le transporter des siècles plus tôt et ouvrir les portes de sa mémoire qu'il le veuille ou non. Assis sur l'une des nombreuses chaises vides désormais, d'une immobilité parfaite, l'ombre d'un arbre luttant avec la flamme d'une torche pour toucher son visage, ses yeux semblaient n'être qu'au bois et aux cordes, aux doigts des musiciens, ses oreilles à leur musique…
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Florian
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptySam 5 Juil 2008 - 1:03

Une dernière gorgée, juste une dernière gorgée!

Trop tard. Son coeur venait de s'arrêter, Florian ne pouvait plus boire. Ha, la douce créature! Le vampire regrettait presque de lui avoir pris la vie, à cette prostituée quasi distinguée. En fait, en la voyant gésir là, inanimée, il avait un peu pitié d'elle. Sa peau anémiée était à présent plus pâle que celle de son meurtrier, lequel prenait des couleurs tandis que le sang irriguait chaque veine de son corps. En lui posant la main sur la nuque, il avait accidentellement défait la coiffure de la jeune femme, dont les cheveux se répandaient à présent autour de son visage en une auréole châtaine. Ses yeux devenus opaques semblaient s'être absorbés dans la contemplation du vide qui, depuis le puits de lumière, s'étendait à l'infini au-dessus d'elle, parfois ponctué d'une étoile timide au-delà des nuages.

D'une main soudain plus chaude, le vampire effleura presque amoureusement les lèvres trop maquillées de la jeune morte, puis ses paupières également trop chargées. Oui, il l'avait aimée, l'espace d'une nuit. Dans les quartiers mal famés de la capitale française, elle lui avait lancé des regards séducteurs depuis la grande pièce où, un verre de vin chaud à la main et un éventail dans l'autre, les putes attendaient en gloussant qu'un homme les choisisse. Était-ce pour sa réelle beauté que Florian l'avait prise ou pour ses airs intelligents malgré une éducation sans doute inexistante? Probablement était-ce en fait pour la subtile alchimie de ces deux attraits qu'elle renfermait.

Nicole. C'était son nom. Mais les autres concubines qui vendaient leurs charmes la surnommaient Papillona. « Vous allez adorer notre papillon rose, lui avait promis la propriétaire des lieux. Elle butine et elle aime sucer le nectar... » Paroles vulgaire s'il en était, Florian les trouva fort amusantes. En effet, l'analogie du papillon lui semblait très drôle, à lui dont le nom dérivait du mot fleur et qui entendait bien être celui qui sucerait le fluide sucré de la belle courtisane. Ainsi donc, il l'avait emmenée chez lui, dans la belle demeure qu'il venait de se procurer à son retour à Paris après une décennie d'exil dans les Caraïbes. Aujourd'hui, sa fortune était faite.

Nicole était une femme assez charmante envers laquelle le vampire se sentait le devoir d'être d'une grande gentillesse avant de lui offrir son baiser fatal. Il passa donc avec elle la soirée en complaisance, lui offrant le meilleur vin qu'elle ait but, l'écoutant attentivement déverser un flot de paroles, assis à même le sol, devant le foyer flamboyant. La femme avait couché avec beaucoup d'hommes, mais elle n'avait jamais fait l'amour. Romantique, comme un époux un soir de noces, il la prit dans ses bras et, la portant dans une chambre, la déposa tout doucement sur le lit qu'il n'employait jamais lui-même. Montant à son tour sur la couette confortable, il entreprit de caresser tout doucement sa peau lisse, chatouillant ses épaules et ses bras de petits baisers tout en la dévêtant lentement. Lorsqu'il prit son mamelon dans sa bouche, un frisson traversa le corps de la femme qui sembla alors se réchauffer, se durcir. Ses seins pointèrent dans l'air frais, sa gorge se fit encore plus désirable. Tout son corset se dénoua alors sous les doigts habiles du buveur de sang, qui eut tôt fait de découvrir entièrement le corps suave de la putain. Elle était mince et belle, avait une toison entre les jambes plus foncée que sa chevelure fauve. Les baisers du vampire descendirent alors vers son nombril, puis plus bas. Remontant soudainement la tête, il mordilla gentiment l'oreille de sa victime qui pour une fois recevait le plaisir au lieu de le donner. Une main sur son sein et l'autre entre ses cuisses, Florian vit la catin renverser la tête, yeux clos, comme prête à s'endormir alors que l'ivresse de ce plaisir se mêlait à celle du vin. Délicatement, le mort-vivant glissa un doigt à peine trop froid dans l'humidité de son sexe brûlant. Il allait se perdre dans la langueur de sa poitrine se soulevant au rythme de l'orgasme approchant lorsqu'il fit d'un de ses baisers celui qui serait le dernier. Dans le lien du sang qui les unit, il put prendre part à l'extase que Papillona ne demandait qu'à partager. Puis ce fut terminé. Lui n'avait même pas défait le ruban dans ses cheveux.

Une dernière gorgée, juste une dernière gorgée!

Trop tard. Son coeur venait de s'arrêter, Florian ne pouvait plus boire. Le doux sourire figé sur le visage du cadavre contamina Florian. Elle est morte heureuse. Il faudrait dédommager le bordel, mais qu'importait? D'une goutte de son sang magique dans chaque petite blessure, le vampire referma les traces de ses dents.

Ayant déjà passé beaucoup de temps avec sa victime pour cette nuit, Florian décida de la laisser là, étendue sur les draps dans un sommeil apparent, pour sortir se promener un peu. Quittant sa belle maison de l'île Saint-Louis, il entreprit de marcher sur les rives de la Seine en méditant quelque poème sur la lune s'y reflétant. La seule façon pour lui de voir la lumière du soleil n'était-elle pas de regarder la lune qui la lui renvoyait? Ses sens s'amenuisaient dans son intériorisation jusqu'à ce que son ouïe ne soit charmée par une agréable mélodie, émanant du Jardin des Tuileries. Le son du violon, entre tous, l'attirait. Sans même y songer vraiment, le vampire laissa ses pieds le mener à la source de la musique. La nuit était tiède, son corps était réchauffé. Il se sentait bien. Or, ce n'est qu'une fois non loin du petit orchestre que cette paix s'estompa. Reprenant toute leur vigueur, alertés, les sens du mort-vivant lui signalèrent la présence trop proche d'un autre buveur de sang qu'il connaissait trop bien. Guillaume. Son créateur.

Comme pétrifié, Florian n'osa esquisser un mouvement. Fuir eût sans doute été la chose à faire, mais c'eût été reconnaître sa peur. Et d'ailleurs, celle-ci le paralysait.

Il faut savoir que c'était contre le gré du jeune seigneur que le baron d'Artevenn avait tué puis ressuscité Florian aux ténèbres. Ébranlé, perdu, désespéré, la soif de vengeance avait poussé le novice qu'il était alors à tenter d'assassiner son maître. Hélas, les légendes s'étaient avérées fausses, et seul le feu - celui du soleil ou d'un bûcher bien ardent - eurent pu en venir à bout. Le pauvre pieux enfoncé dans le coeur de son créateur n'avait été pour lui qu'une douleur passagère, une source de colère, peut-être. Et encore là, ce n'était sans doute pas tant la souffrance physique que le sentiment de trahison qui avait le plus affecté Guillaume. Quoi qu'il en fut, Florian, craignant quelque représailles, s'était enfui jusque dans le Nouveau Monde. Et voilà que son maître, jadis habitant l'Italie, mais féru des contrés autrichiennes, s'était vraisemblablement établi à Paris! Et dire que Florian venait tout juste d'acquérir une demeure en la Cité des Lumières! Allait-il devoir la quitter, en supposant qu'il survive à son inévitable face à face avec Guillaume? Malgré le voile de ténèbres que jetait la nuit entre eux, le vampire parvenait à voir son congénère, juste là, à quelques mètres devant lui. Il distinguait nettement sa chevelure blond cendré, bouclant tout doucement autour de son visage blafard illuminé de grands yeux en amande. Ha, ses yeux verts! Si beaux, mais si froids! Pourvu que ce ne soit pas la dernière chose qu'il voit...

Assurément, son maître avait lui aussi perçu la présence de Florian. Il n'avait plus le choix, à présent; la confrontation était inévitable. Cependant, Guillaume n'avait lui-même fait aucun pas dans sa direction. Perplexe, le vampire s'approcha presque timidement de celui qui l'avait fait enfant des ténèbres. Son créateur était accompagné d'un mortel qui, s'il n'était pas une victime, mais un ami, pourrait peut-être adoucir la réaction d'Artevenn et retarder d'une nuit une vengeance sans pitié.

Ça y était, Florian avait mis suffisamment de proximité entre eux deux pour ne plus pouvoir reculer. Faisant un dernier pas en avant, il adressa la parole à son ancien maître pour la première fois en dix ans:

« D'Artevenn, cela fait si longtemps!, lança-il en tentant de faire montre d'une sympathie qui devait néanmoins paraître contrefaite. Qu'est-ce qui vous amène à Paris, très cher? »

La politesse de ses mots lui apparaissait comme de la pure hypocrisie, chose qu'il détestait. Les mots « très cher » lui avaient semblé sonner très faux malgré le naturel qui leur était associé, comme une fausse note dans une gamme. Mais l'habileté avec laquelle il les avait prononcés, couplée à l'incapacité de Guillaume à entendre les pensées de son infant, faisaient en sorte que le tout avait peut-être mieux passé que son esprit, subjectif, le lui laissait croire. De toutes façons, il n'allait pas tarder à le savoir...
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptySam 5 Juil 2008 - 7:46

- Eh bien mon cher baron de Valenmont, vous me pardonnerez le peu d'empressement que j'ai eu à vous accueillir lors de votre récente arrivée à Paris, mais les circonstances ne s'y prêtaient malheureusement pas. En ce qui me concerne, j'y réside depuis quelques temps déjà et les raisons qui m'ont poussé à y venir sont probablement les mêmes que les vôtres. Paris n'est-elle pas la Ville Lumière ?

Ce qui était une manière de dévoiler à demi-mot, qu'au contraire de son infant, Guillaume avait découvert sa présence assez tôt. D'Artevenn utilisait le même ton que celui qui lui avait été adressé, comme un miroir sonore, comme par ironie. En vérité il était véritablement surpris que Florian soit allé jusqu'à lui adresser la parole, étonnement qui n'avait rien que de très naturel étant donné la manière dont ils s'étaient séparés quelques dix ans plus tôt. Quand du coin de l'œil il l'avait vu approcher, il s'était quasiment pris à souhaiter que le jeune vampire n'aille pas plus loin, trop peu assuré lui-même des réactions qu'un face à face pourrait provoquer, trop d'émotions contradictoires dérangeant son habituel calme. Au moins la façade n'en était-elle pas altérée.

Comme pour se donner le temps de réfléchir, il détailla le jeune baron. A sa mise, il était évident qu'il avait réussi à trouver le moyen de se refaire une santé financière, celle de sa famille, Guillaume en savait quelque chose pour avoir fait de nombreux dons, étant plus faible que celle de nombre de bourgeois. A la mine fraîche de ce si joli visage, il était aussi aisé de deviner qu'il s'était nourri depuis peu, et les rats ne donnent pas un tel teint de santé. Un sourire amusé et étrangement sans inimité étira ses lèvres. Alors ? Florian continuait donc de boire du sang humain, malgré tous les reproches moralisateurs dont il avait abreuvé son créateur les premières nuits… Et cela lui allait fort bien d'ailleurs, ajoutant au charisme et à cet air de douceur qu'il possédait déjà quand il était humain. Ah tout cela avait un tel goût d'amertume…

L'homme qui semblait si proche d'eux qu'il paraissait leur tenir compagnie n'était en fait qu'une lointaine connaissance auquel Guillaume n'accordait que peu d'attention, l'ayant trouvé fat et béjaune comme pas un sauf en matière musicale. Là on pouvait reconnaître au degré de recueillement du godelureau trop maquillé, sans même entendre la mélodie, s'il s'agissait d'une œuvre médiocre, passable, fort belle ou extraordinaire. Et de fait, il semblait ne pas faire attention à ceux qui l'entouraient, écoutant les notes de ces instruments d'un autre temps avec autant d'attention que le vampire un peu plus tôt.

La politesse aurait voulu qu'il se levât, pourtant Guillaume resta résolument dans la même position assise, non par provocation, mais plutôt par volonté de ne faire aucun geste qui pourrait être agressif et quand on sait la vitesse des vampires, la station debout peut déjà être considérée comme menaçante. Alors qu'il se demandait si Florian avait eu l'occasion de croiser d'autres vampires, Guillaume gardant quant à lui un souvenir détestable de sa première rencontre avec ceux de son espèce sans son propre créateur, il était à admettre qu'au milieu de toutes ces émotions et volontés paradoxales, malgré même une rancune tenace :

- Je suis heureux de voir que vous vous portez si bien.

Les lumières jouaient admirablement sur leurs boutons, perles, fils dorés, cheveux. Quel joli tableau c'aurait été si quelqu'un avait été là pour le peindre… Il ne se voyait pas lui-même et avait été si peu habitué aux miroirs qui n'étaient que métal poli pendant son premier siècle ou minuscules plaques d'étain, que Guillaume ne songeait jamais à lui-même comme un être beau ou pas, s'en contrefichant d'ailleurs, il ne pensait finalement qu'à se fondre dans les modes vestimentaires, bien qu'il en apprécia étoffes et couleurs, à se maquiller dans un but purement pratique. Ce n'était pas par dénigrement ou modestie. En revanche, il lui paraissait évident que son vis-à-vis était beau, c'était comme de dire que l'or est doré. Les choses sont étrangement faites parfois.

Des siens, il sondait les yeux de Florian qui ne lui étaient désormais plus le livre ouvert qu'il avait pris, un temps, l'habitude de lire. En déductions et hypothèses, il cherchait ce qu'il aurait auparavant trouvé si facilement, des réponses à de nombreuses questions. Son visage avait repris une expression détachée, le sourire s'était effacé comme s'il n'avait jamais été là et sa bouche restait obstinément close. Là était peut-être une petite trace de cruauté, d'attendre de Florian qu'il fit une nouvelle fois le premier pas, qu'il explique pourquoi il était venu vers Guillaume, si tant était qu'il le sut. Au vu de la réaction première du jeune vampire face à son créateur, ça n'était pas certain.
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptyMar 8 Juil 2008 - 21:03

Dès que son créateur ouvrit la bouche, Florian sentit comme la moitié de sa tension redescendre. Il avait craint un instant que, sans même prononcer quelque mot que ce fut, son ancien maître ne se jette sur lui tel un fauve et ne le mette en pièces - ce dont il était parfaitement capable. Mais non, il avait parlé de sa voix éternellement miellée de jouvence, sur un ton se voulant aussi agréable que le sien, quoique peut-être plus sincère. Toujours était-il qu'un sous-entendu n'échappa pas à Florian: Guillaume savait depuis un petit moment déjà qu'il était de retour à Paris. Ah! Que n'était-ce une bonne nouvelle? Il avait eu l'occasion de le détruire, mais ne l'avait pas fait! Ou bien les circonstances ne s'y étaient vraiment tout simplement pas prêtées...

Il est peu de choses que Florian n'aurait données à cet instant pour savoir ce à quoi d'Artevenn pensait. Malgré les émotions qu'il devinait en lui et dont il désirait ardemment connaître la nature, son visage demeurait un masque de placidité, immuable, impénétrable. Rien dans son expression ne laissait quoi que ce fut à déchiffrer. Lorsque son créateur scruta méticuleusement son port, s'attardant tantôt sur la dentelle de son jabot, tantôt sur le rubis à son doigt, un léger malaise surpris le plus jeune des buveurs de sang, quoique la perspective de voir Guillaume le trouver attirant eut quelque chose de flatteur. N'osant dire quelque mot, le vampire ravala son verbe bien avant dans la gorge.

Lui-même ne put s'empêcher de trouver son créateur infiniment beau. Son visage naturellement gracieux et les mèches blondes qui bouclaient sur ses tempes lui donnaient envie de tendre la main, d'oser caresser la douceur de ces cheveux, de cette peau immaculée. Mais par-dessus tout, c'était ses yeux qui étaient obsédants. Même du temps où il était mortel, Guillaume avait dû briser bien des coeurs avec ses iris d'un vert presque trop intense, capables à la fois de tant de douceur et de froide colère. Et d'ailleurs, le plus inquiétant, tandis qu'ils étaient fixés sur ceux de Florian, était peut-être le fait qu'ils ne trahissent ni l'une, ni l'autre.

Au moment où le baron de Valenmont allait détourner les yeux pour éviter un malaise, un sourire vint illuminer le visage de son interlocuteur, lui donnant un sens nouveau. Ça n'avait rien d'un sourire cruel, ce n'était pas la mimique du carnassier se régalant par avance de sa proie impuissante. Et cela en soi était rassurant. Idem lorsque, avec plus de conviction que Florian n'en pouvait croire, Guillaume lui affirma être heureux de le voir aller si bien. C'était le moment de répondre. Il fallait trouver un moyen de lui demander indirectement s'il lui gardait toujours rancune du geste qu'il avait posé, dix ans plus tôt.

Le vampire, après s'être expatrié, s'était rendu compte qu'il avait commis une erreur. Jamais il n'aurait dû attenter à la vie de son ancien maître, fut-ce déchiré par la passion et le désespoir. Il le regrettait, à présent, mais les choses n'étaient pas aussi claires, à l'époque. Il n'avait pas encore appris à aimer son nouvel état, il était obnubilé par les aspects terribles de sa transformation: l'obligation de tuer, nuit après nuit, des êtres dotés d'intelligence. Le joug d'être devenu une entité indubitablement nocturne, devant fuir le soleil avant le petit matin. Oui, il avait compris, isolé de tout semblable, à des lieues de son pays, par-delà l'océan. L'immortalité est si pleine d'attrait... jusqu'à ce qu'on réalise qu'on va la passer seul, honni de tous ceux qui pleurent et pleureront ses victimes. Florian lui-même, après s'être enfui, n'avait-il pas tenté à la première occasion d'entraîner quelqu'un dans son enfer, de damné son ami de toujours afin qu'il allège le fardeau de l'isolement? Car, à long terme, la solitude lui était d'autant plus néfaste que Florian était sociable.

-J'aurais dû organiser une réception pour pendre la crémaillère, fit-il, et vous y inviter. Désolé. Il faut savoir que j'étais assez préoccupé, ces derniers temps. Vraiment, je suis incorrigible! J'aurais dû vous envoyer une lettre dès mon retour des Amériques, non? Je suis vraiment désolé pour tous nos malentendus... j'espère que vous ne m'en voulez-pas?

Une rapide inspection des pensées du pauvre mortel près d'eux permit à Florian de s'assurer qu'il ne se doutait d'absolument rien. Le second sens du discours du vampire lui était parfaitement inintelligible. Parfait. À l'opposé, d'Artevenn n'était pas sans avoir saisi ce que son infant voulait réellement dire, et ce dernier attendait anxieusement de voir comment Guillaume réagirait.
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptyJeu 10 Juil 2008 - 9:44

Jamais il n'aurait imaginé les choses se passant de cette façon, Florian le surprendrait toujours, cela faisait partie du charme qui l'avait poussé à le transformer. D'autres auraient passé leur chemin, quand ils ne seraient pas en train de fuir, certains que toute excuse serait vaine en regard de l'affront commis, le mot lui paraissait bien faible. Vraiment désolé, en vérité ? Guillaume aurait certes pu lui dire qu'il n'était pas le seul, bien que ce ne fut probablement pas pour les mêmes raisons. Cette espèce de candeur était si terriblement touchante qu'elle aurait probablement été suffisante pour obtenir la grâce de la part d'un être moins endurci ou moins fier que le Baron d'Artevenn qui bien qu'il y fut plus sensible qu'il n'aurait voulu, gardait toujours sa maîtrise de soi.

Celui-ci laissa s'écouler un silence, comme pesant les paroles prononcées avec minutie.

- Ma foi, je n'ignore pas que la rancœur finit par étouffer celui qui la ressent, mais comme vous savez, je suis un bien mauvais chrétien, et le pardon m'est difficile à accorder. D'autant, vous vous souvenez je suppose, des circonstances fort désagréables dans lesquelles nous nous sommes vus la dernière fois.

Le vampire déplia ses jambes et se redressa, quittant sa chaise. Pour l'avoir souventefois entendue, il savait à la mélodie que les musiciens rangeraient bientôt leurs instruments et quitteraient des lieux de plus en plus déserts. Guillaume ne tenait pas à être la seule connaissance alentour du jeune mélomane lorsque celui-ci émergerait de son écoute attentive pour se rendre compte de sa solitude au beau milieu de la nuit parisienne. À coup sûr le mortel n'aurait de cesse qu'il fut raccompagné chez lui comme un jouvenceau craintif et proie de choix pour les coupe-jarrets qu'il était. Aussi Guillaume dépassa-t-il Florian silencieusement de quelques mètres pour s'enfoncer sous l'ombre protectrice des arbres avant de reprendre avec un tout autre ton, d'une voix basse, aussi songeuse qu'un souffle, mais qu'il savait parfaitement perceptible pour son infant :

- Tu sais, ta fuite fut vaine Florian. Je ne crée pas pour détruire ensuite, et je ne travaillerai jamais à ta perte. Si je l'avais voulu, tu ne serais plus de ce monde depuis longtemps. Je te connaissais encore assez bien pour savoir où tu irais, tes pensées et tes rêves m'étant encore accessibles quelques nuits plus tôt.

Pour eux les ténèbres n'aveuglaient guère, et il continuait d'observer le jeune vampire de sous les ombres ondulantes des feuillages se balançant au gré d'une brise nocturne qui les faisaient frémir. En dépit de cette si grande affection sur laquelle il préférait ne pas mettre de nom en raison de la situation et pour ne pas biaiser son jugement, il lui était absolument impossible d'oublier cette tentative destructrice, sa nature terriblement méfiante, et on l'aurait été à moins, lui remémorant sans cesse que qui a tenté une fois de vous tuer peut toujours recommencer, avec chaque fois plus de chances de réussite que vous le laissez vivre longtemps, prendre en force, en expérience, en intelligence. Il ignorait, et n'avait aucun moyen de s'assurer, du degré de sincérité de son infant quand bien même il était porté à le croire. Ce n'était pas la crainte de souffrir de nouveau en sa chair qui le motivait, il s'en souciait comme d'une guigne, c'était bien celle de voir se répéter les déceptions, les incompréhensions, se raviver l'amertume et les déchirures…

- T'attendais-tu vraiment à ce que je n'accorde plus guère d'importance à cette nuit dont je hais le souvenir ? Non, dix ans, c'est bien trop peu encore, je suis né à une époque où les combattants ne se rappelaient même plus des raisons qui les poussaient à la guerre contre leurs voisins, poursuivit-il avec un sourire moquer qui s'effaça bien vite. Mais si c'est la paix que tu désires, saches que tu l'as, je te l'ai dit, je ne te ferai pas le moindre mal et je ne t'obligerai à rien en échange. … … … De fait…, je n'ai jamais voulu t'obliger à quoi que ce soit.

En vérité, Guillaume n'aimait pas du tout l'image de faiblesse qu'il avait l'impression de donner, pas plus que les nombreuses hésitations qui le taraudaient. Où étaient cette paix de l'âme qui lui était si naturelle, cette absence de scrupule, cette capacité de raisonner ? Toutes faussées par des sentiments trop forts pour qu'il y soit habitué, son masque de froide mélancolie n'en étant que plus un tour de force et une partie de lui-même aurait été soulagée de pouvoir être soustrait de cette scène qui l'éprouvait, si ça n'avait pas été lâcheté. Une autre partie décida néanmoins de cesser là cet atermoiement dès lors qu'il en saurait plus sur les motivations de son infant. Oui, vraiment. Tout venait de ce flou qui régnait encore entre eux, ces non-dits. Une fois tombés, il saurait agir au mieux.
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptySam 12 Juil 2008 - 23:55

Lorsqu'il vit Guillaume passer devant lui après s'être levé de son banc, Florian tendit la main, comme pour lui toucher l'épaule, mais se ravisa au dernier moment. Ha, combien il l'avait détesté, cette nuit fatale où il avait cessé d'être un protecteur et un mécène pour devenir à ses yeux le vampire, le monstre! Le damné qui l'avait traîné de force dans cet enfer de meurtres concupiscent. N'était-ce pas cela qui avait le plus horrifié le novice, les premières nuits? Il avait tué, et il y avait pris du plaisir. Et c'est cela qui pesait tant sur son âme lorsqu'il prenait la vie, cette incommensurable culpabilité. Cette honte d'avoir éprouvé tant de jouissance en commentant le plus infâme acte qui fut possible à un être humain de perpétrer. Car, même en se sachant désormais appartenant à une espèce tout autre, Florian s'était toujours senti si douloureusement humain...

Le vampire fit quelques pas vers son créateur, mais s'arrêta à une distance respectueuse de l'arbre sous lequel ce dernier s'était abrité des regards, de toute façon devenus très rares. À quoi songeait-il, cet ange glacé, alors que ses yeux semblaient se perdre dans la contemplation de choses que lui seul percevait? N'était-ce pas une émotion qu'il lui semblait distinguer sur son visage livide, d'ordinaire sans expression?

Ainsi donc, il n'avait plus rien à craindre de son maître. En fait, il n'avait jamais eu à redouter quelque châtiment que ce fut, à en croire le principal intéressé. Mais comment l'aurait-il su? Comment n'aurait-il pas paniqué en voyant de la colère sur un visage de nature si placide?

-Tu sais, lâcha Florian après avoir laissé le silence s'éterniser, j'ai peut-être été plus en colère que toi tout du long. Même après coup, je t'en ai voulu. Parce que, oui, j'avais tenté de prendre ta vie, et avais échoué. Mais toi, tu avais réussi.

Une brise légère, secouant à peine les jeunes feuilles de l'arbre, porta un nouveau silence entre les buveurs de sang. Puis le plus jeune des vampires reprit la parole:

-Et pourtant, dit-il, je suis soulagé que tu ne me cherches pas querelle au moins autant que je suis triste de te retrouver aussi froid qu'avant...

La réponse de son créateur ne tarda pas à venir, telle qu'il l'avait imaginée. Il ne pouvait oublier cette nuit ou faire comme si rien ne s'était passé. C'était naturel. Mais il ne le détruirait; la paix lui était octroyée. Mais l'amour?

Car, en effet, une pensée avait frappé Florian dès lors qu'il avait cessé de considérer le baron d'Artevenn comme un ennemi. À présent, c'était un immortel, un congénère. Un être qui partageait sa condition de mort-vivant, un être capable de le comprendre, de l'aimer pour ce qu'il était.

Ô Dieu! Comme il s'était ennuyé, ce petit seigneur du midi français, sur son île, si loin de chez lui! Il s'était montré sociable, certes, mais les propriétaires terriens de Saint-Domingue manquaient tellement de tout! Ils avaient de l'argent, des tonnes et des tonnes d'argent, oui, mais quoi d'autre? Du goût? Un passé? De la vertu? Rien n'était venu forger le caractère de ces nobles arrogants. Quant aux esclaves importés d'Afrique qu'il avait possédés, il en avait obtenu plus de crainte que de respect, car ces héritiers du chamanisme, étrangers à la Raison qui obnubilait le jugement de ses comparses - quoi qu'ils prétendissent le contraire -, avaient eu tôt fait de percer à jour le mystère de sa nature vampirique. Une fois découvert, Florian n'avait plus eu de scrupules à lire ostensiblement les pensées de ses serviteurs, usant de cette faculté extraordinaire pour dénicher et confisquer les hideuses petites poupées qu'ils fabriquaient à son effigie, souvent habillées d'un lambeau de ses vêtements, ou coiffées de quelques-uns de ses cheveux blond vénitien. En fait, les seules personnes qu'il trouvât un tant soit peu dignes d'intérêt, lors de son long séjour dans les Caraïbes, étaient ces enfants nés de métissage entre maîtres et esclaves. Ces mulâtres avaient, bien plus que leurs parents, vécu normalement, ni dans la décadence, ni dans la servitude. Beaucoup étaient devenus des artistes ou des pirates, que Florian aimait bien prendre son sous aile. À certains moments, il avait senti son cœur s'attendrir pour tel métis joueur de guitare, pour telle mulâtresse dansant au son des tambourins. À chaque fois, ne voulant s'attacher plus à ces beautés au teint de café au lait, il les avait chassées de sa vue, se refusant à les prendre avec lui dans sa vie de nuits sanglantes.

Et maintenant, Florian avait devant lui un vampire qui n'arrivait, semblait-il, ni à le haïr, ni à l'aimer. Ou alors il ressentait et la haine et l'amour, ne sachant quoi exprimer.

Du temps. Voilà ce qu'il leur fallait.

Un instant, le vampire pensa à s'en aller. Il tourna la tête vers le portail des Tuileries, mais reposa finalement son regard sur la blancheur du visage devant lui, sur ce jade frangé de fils d'or. Peut-être Guillaume avait-il autre chose à lui dire. Peut-être souhaitait-il sa compagnie plus qu'il ne l'osait admettre. Mais comment savoir ce qu'il voulait, à la vérité?


Dernière édition par Florian le Mer 16 Juil 2008 - 21:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptyDim 13 Juil 2008 - 6:37

Irritant et pourtant tellement charmant jeune vampire… Comme il avait l'air humain, pas de cette condition banale dont la majorité des mortels faisaient preuve, non, humain à la noble manière, pétri de sentiments humanistes et d'intelligence. Mais aurait-il offert un tel don à l'un de ces innombrables hommes ne recelant pas la moindre énigme, pas la moindre complexité, pas la moindre dignité ? Certainement pas.
Et voilà qu'il se surprenait lui-même d'un rire aussi léger que silencieux face à cette situation. Guillaume avait peut-être la rancune tenace, était probablement d'une froideur minérale dès lors qu'il se plongeait dans ses pensées ce qui lui arrivait souvent, avait certainement du mal à apprivoiser encore la grande amour qu'il vouait à son infant, se passionnait assurément pour les Arts, les Sciences et les Lettres. Cependant il n'avait rien d'un de ces personnages si romantiques qu'ils se prennent trop facilement au jeu des passions. Peut-être était-ce la façon dont il avait été élevé où les hommes se moquaient plus des Chevaliers de la Table Ronde que ne s'extasiaient de leurs vertus ou peut-être avait-il déjà trop vécu pour ne pas vouloir profiter des opportunités offertes, bien placé pour savoir qu'elles disparaissent souvent bien vite et ne se reproduisent que rarement ; ou bien était-il tout simplement capable de voir le côté amusant que ce léger renchérissement avait : plus de colère ? Alors qu'il avait été l'agresseur ? Ah oui… Certainement : à Florian la colère et à lui l'amertume.

Cet amusement, percée de soleil au travers de nuages nacrés, qui relativisait non intentionnellement la froideur dont on le taxait lui laissa le temps de faire le choix qu'il s'était proposé un peu plus tôt. Il ne renonçait nullement à sa méfiance mais il prendrait soin de la ganter de velours. Il n'oublierait, malheureusement, pas cette méchante nuit mais n'en ferait pas mention autant que faire ce pouvait, ce qui en d'autres termes, voulait dire que Guillaume était parfaitement conscient de combien odieux il risquait d'être si exceptionnellement une nuit le voyait pris de mauvaise humeur et ainsi lui faire lâcher la bride à ses rancœurs et à sa cruauté. Pour le reste puisque les dés se trouvaient devant lui, autant les lancer plutôt que de refuser de jouer de chance par vexation : il n'avait rien à y perdre.
Quoi qu'il en soit le Créateur ne Guillaume lui ne pourrait jamais penser avoir commis une erreur en le transformant, le vampire déjà plusieurs fois centenaire avait toujours tant aimé l'existence qu'il y mordait à pleine dents bon an mal an, mélancolie ou pas. A sa façon.

Aussi discrètement qu'il avait eu lieu sous les ombres mouvantes, le rire s'éteint et d'Artevenn franchit les quelques pas qui le séparait de son infant.

- Tu n'as pas l'air d'avoir tant changé Florian, bien que je puisse me tromper…

Le vert de gris se plongeait de nouveau dans le profond vert feuille qui faisait office de fenêtre sur l'âme de son infant. Douce âme si sensible... Son ton avait un peu repris de la formalité amicale du tout début de leur conversation à ceci près que les yeux n'exprimaient plus la même chose.

- Il n'empêche, nous ne nous sommes assurément pas conduits avec élégance. Et les circonstances n'excusant rien, permets-moi de me racheter et de t'accueillir comme j'aurais du le faire plus tôt.

Ses doigts se posèrent de part et d'autres du pâle visage de Florian appréciant la texture de la peau malgré l'absence d'insistance du toucher. Avec un naturel qui ne manqua l'étonner quelque peu tant cela faisait longtemps qu'il n'avait fait ce geste, il baisa délicatement les lèvres de son infant. Ce n'était pas un geste à connotation amoureuse au Moyen-Âge, il n'était pas rare de le voir pratiquer chez les religieux en guise d'accueil ou de respect mais aussi chez les nobles ; un baiser des lèvres du roi étant considéré comme une grande marque d'estime. Guillaume avait vu son propre père accueillir ainsi un abbé, son frère et quelques autres, et chacun savait que ce géant d'homme était trop porté aux drôlesses pour s'intéresser aux drôles. Bien entendu la chasteté est beaucoup dans les intentions qu'on met dans un geste, lesquelles n'étaient pas tout à fait innocentes en l'occurrence, le vampire appréciant trop ce bref contact, sans qu'il s'en troubla cette fois. Ah décidément, une décision clairement définie valait cent fois mille atermoiements pour la paix d'esprit, quand bien même elle devait un jour se révéler nocive. Advienne que pourra et carpe noctam.

Reculant d'un pas, il indiqua d'une voix très calme :

- C'est ainsi que l'on souhaitait la bienvenue à un être cher autrefois.

Bien qu'il n'y avait eu que peu de paroles durant ce court laps de temps, celui-ci suffit à ce que durant ce moment les musiciens achèvent comme prévu leur mélodie. Alors qu'ils s'apprêtaient à ranger leurs instruments et comme le jeune homme s'éveillant de son rêve musical commençait tout juste de chercher quelque présence autour de lui, deux coups de mousquet venant de la rue de l'Hostriche déchirèrent la nuit comme pour saluer le talent des artistes. Deux seulement et
entourés de silence. Bien banal dans cette Paris aussi lumineuse le jour qu'elle était peu sûre la nuit. Toutefois le béjaune se retrouva admirablement vite sur ses deux jambes mais dans sa recherche d'autres gentilshommes laissa s'échapper l'opportunité de quitter le parc avec les musiciens. Alors qu'il s'éloignait à son tour, d'une démarche inquiète et peu assurée, Guillaume ne fit pas le moindre geste. Pourquoi en aurait-il fait un ? Il se contrefichait royalement de l'existence du pauvre garçon. Concernant celui-là au moins tout était clair.

Cependant Guillaume ne voyait pas qu'il y ait problème à éprouver différents sentiments pour une seule personne, même s'il ignorait à quoi Florian songeait. La question étant de mettre des noms sur ses émotions ou du moins de les assez bien connaître pour ne pas se trouver trop perdu, et non pas de savoir si c'était compatible, celle-là il ne se la posait jamais. Après tout il avait déjà ressentit du respect et de la détestation dans le même temps face à des adversaires, de l'admiration et du dégoût face à quelque artiste aux dons extraordinaires mais dont la personne était sous tout autre trait répugnante, et bien d'autres dualités encore. Alors une de plus ?
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptyMar 29 Juil 2008 - 20:48

Tout fut plongé dans le silence lorsque Guillaume parla. Le doux murmure des jeunes feuilles, le léger clapotis de l'eau dans la fontaine, les bruits de pas lointains que l'ouïe surnaturelle de Florian lui permettait de percevoir. Désormais, seule la voix de son créateur semblait trouver son chemin jusqu'à son oreille.

Florian avait-il eu conscience d'avoir changé? La question ne lui était jamais venue à l'esprit. En quoi le sang l'avait-il transformé, fondamentalement? Certes, il ne craignait plus grand chose, ni la maladie, ni la mort, ni les coupe-jarrets prêts à l'égorger ne serait-ce que pour ses boutons de manchette. Mais l'assurance n'était rien. Il n'avait jamais vraiment eu peur. Non plus qu'il avait été innocent, du temps où, pour une raison qu'il ne connaissait pas encore réellement - qu'il n'avait en fait jamais cherché à connaître -, Guillaume l'avait emmené dans le Sang, dans sa solitude.

Qu'il était doux d'entendre sa voix se réchauffer, son verbe devenir moins distant, comme plus enclin à délaisser l'indifférence qui était sienne au détour d'une phrase moins froide que les autres!

En y songeant bien, c'était peut-être cette attitude distante qui avait failli mener d'Artevenn à sa perte. Florian aurait-il attenté aux nuits de son créateur si ce dernier n'avait été si froid dans son apprentissage, si indifférent à la si évidente détresse de son infant? Probablement pas. Si avec patience et douceur on lui avait montré les beautés de la Voie du Sang, s'il avait été consolé par des paroles ou des étreintes, sans doute son désespoir se serait-il apaisé.

C'est alors qu'avec autant de soudaineté que de douceur, comme si, un autre ayant créé Florian, rien n'eut entravé leurs dons de télépathie, l'aîné des deux buveurs sang posa ses lèvres sur celles de son congénère. Saisi par ce baiser agréable qu'il se plut à rendre, le plus jeune des deux ferma les yeux, appréciant le contact tiède de cette bouche contre la sienne. Encore une fois, ses sens s'engourdirent, le plongeant dans un état proprice à vivre pleinement cette sensation, tandis que rien d'autre n'atteingnait son esprit.

Lorsque leurs bouches se séparèrent, tout revint très vite à la conscience du mort-vivant, et avec une profondeur renouvelée; le chant de quelque grillon dans les buissons bien allignés, le bruissement à peine perceptible de la frondaison printanière, le scintillement lointain des étoiles innombrables. Tant de beautés qui élevaient l'âme maintenant plus en paix du prédateur d'hommes.

-Toi, par contre, tu as beaucoup changé..., murmura Florian, encore frémissant de cette langueur brève.

C'était la première fois depuis sa naissance aux ténèbres que le vampire ne pouvait lire les pensées d'un interlocuteur, et cela le déstabilisait légèrement, maintenant qu'il en avait pris l'habitude. Il lui faudrait recourir à d'autres méthodes pour sonder les recoins de son âme, aussi planta-t-il ses yeux cerclés de vert dans ceux de son créateur, le fixant avec tout le sérieux et la calme intensité dont il était capable.

-Alors c'est bien vrai, il n'y aura plus d'inimitié entre nous?, s'enquit-il. Je puis te faire confiance?

En posant ces questions, le vampire avait l'impression d'y répondre. Après tout, serait-il autre chose qu'un tas de cendres, en ce moment, s'il avait eu quoi que ce fut à craindre d'Artevenn? Il ne créait pas pour détruire ensuite, il l'avait dit.

-J'ai mes appartements sur l'île Saint-Louis, poursuivit le mort-vivant. Puis-je t'inviter sous mon toît? N'y mettras-tu pas le feu comme je l'aurais fait moi-même, il y a longtemps, si j'avais su que cela te détruirait?

La question avait certes quelque chose de provoquant, d'un peu insultant, mais elle lui avait échappé. Il s'entendit la poser comme si un autre avait parlé.

Enlaçant son congénère par la taille avec une sensualité non refoulée, Florian entreprit de le faire avancer, vers chez lui ou ailleurs, selon le bon vouloir de Guillaume.
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MessageSujet: Re: Aux abords du Bassin Octogonal   Aux abords du Bassin Octogonal EmptyJeu 31 Juil 2008 - 5:51

Oh assurément, ce baiser avait été beaucoup moins chastes que ceux d'autrefois...

S'il fut surpris par la remarque de son infant, Guillaume n'en laissa paraître qu'un léger haussement de sourcil suivit d'un sourire rentré. Lui changé ? Pour sa part il aurait plutôt dit que c'était le regard que Florian portait sur lui qui avait évolué. En vérité, il n'aurait pas parié que le jeune buveur de sang aurait réagi de la même manière à cette marque d'affection s'il l'avait faite quand il ne voyait son créateur que comme un monstre, un démon à l'origine de ses désespoirs. Qui sait ce qu'il aurait pu imaginer de telles attentions ? Guillaume y aurait été d'ailleurs nettement plus porté à cette époque où la tentative de meurtre n'était pas encore entre eux, mais les choses avaient été tellement tendues alors… Et peut-être, c'est vrai, l'exaspération avait-elle fini par lui ôter toute envie du moindre effort les dernières nuits.
Mais à quoi bon ressasser ces vieilles amertumes quand il lui semblait avoir enfin devant lui le Florian que son don de télépathie lui avait autrefois montré, celui qui hibernait sous la détresse que les aléas de la vie avaient créée chez lui ? Le premier être qu'il n'avait pas imaginé pouvoir laisser poursuivre sa vie mortelle jusqu'à vieillir, mourir et disparaître jusque dans les mémoires et ce n'était pas peu dire pour quiconque connaissait un peu l'indifférence générale de Guillaume autant pour la majorité des hommes que pour celle des vampires.

En revanche, tout maître de lui qu'il fut, au point d'être si souvent qualifié de froid, il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel lorsque Florian insista dans l'assurance qu'il voulait avoir de sa sécurité. Vraiment, quelle meilleure preuve de sa bonne foi que les derniers échanges qu'ils avaient eus ? A cette question il ne répondit donc naturellement pas, d'autant que son infant semblait ne pas attendre de réponse puisqu'il enchaînait déjà. En même temps pouvait-il vraiment lui en vouloir de cette méfiance, alors que la défiance semblait parfois une seconde nature chez Guillaume et qu'il avait pu expérimenter lui-même le danger que représentaient les aînés de sa race ?

Mais comme il lui paraissait jeune ce vampire qu'il avait invité à la Nuit ! Oh pas seulement de par ses traits juvéniles presque trop doux pour être ceux d'un homme, et dans ce 'presque' se trouvant justement le charme qui avait su toucher le cœur des admirateurs de Botticelli, ni par les lèvres à la tendresse quasi-enfantine. C'était bien son attitude toute entière qui passait soudainement de l'expression de son inquiétude, à cette proposition diamétralement opposée qui était de l'inviter à découvrir sa demeure et puis aussi vivement de passer à une provocation presque incompréhensible en regard du geste tendre qui suivit. Cette impétuosité, Guillaume l'avait perdue longtemps auparavant, et en grande partie avant même d'être lui-même né aux Ténèbres. Cela n'en rendait que plus touchant et agaçant à la fois le comportement de son congénère. Touchant pour la tendresse qu'il induisait irrésistiblement, agaçant parce que son aîné s'en trouvait déstabilisé, chose qu'il n'appréciait guère, loin s'en fallait.

Il se laissa enlacer et guider par Florian avec une égale sensualité bien qu'elle fut de nature différente et s'apparentait plus à celle des chats, appréciant autant les contacts qu'ils sont capables de vous griffer la seconde suivante si leurs sens les alertent. Car oui, il ne pouvait nier le plaisir qu'il y prenait ni n'en avait envie, mais sa nature était trop bien et depuis trop longtemps ancrée en lui. Sans que son créateur s'en doute Florian avait pensé qu'il leur faudrait du temps, et c'était exactement ce qu'il faudrait avant que s'effacent les pointes des souvenirs ; ce qu'il avait de sauvage dans son être et depuis toujours si présent gardait le dessus dans ce mélange de méfiance toujours en éveil dissimulée derrière la joie, non hypocrite, d'avoir l'impression de reprendre les choses telles qu'elles auraient du être, du moins telles qu'il les désirait quand il avait offert le Sang à Florian. Nous parlions de chats ? Il faut bien du temps avant que leur confiance ne soit absolue en quelqu'un jusqu'à se laisser toucher dans n'importe quelle circonstance, surtout lorsque la personne les a blessés.

- A laquelle de tes questions dois-je répondre en premier ?, demanda-t-il avec une expression qui aurait pu paraître aussi distante qu'à l'accoutumée si l'œil n'avait été adouci par son amusement.

C'était également une manière de ne pas répondre à la dernière question et de songer que si vraiment Florian avait mis le feu à sa demeure, il y aurait plus de chance que les flammes se retournent contre l'infant plutôt que le maître finisse par y périr. Car lentement, d'Artevenn gagnait en résistance et il était tout à fait possible qu'en dépit de toute la douleur que cela pourrait causer, il soit capable de survivre à de terribles brûlures. Naturellement il n'en dit rien sur l'instant et le simple fait de songer à une telle souffrance aurait pu lui arracher un frisson en une autre situation. Guillaume laissa couler un court silence et ne reprit la parole qu'au moment où cela aurait pu devenir ambigu ou dénoter un déplaisir qui n'existait pas.

- J'aurais plaisir à voir ta demeure.

Et puis cherchant le regard de son infant :

- Il est inutile de nier ma curiosité, je crois. Aurais-je le plaisir de t'entendre me dire où tu as vécu durant cette décennie passée ?

Un regard bref vers les grilles se rapprochant jaugea la distance qui les séparait des quelques gardes chargés d'éloigner les importuns de cette petite et calme réception. Posant une main presque caressante sur l'épaule de Florian, Guillaume se dégagea doucement du bras qui enserrait sa taille et s'écarta un peu tandis que ses pas faisaient de nouveau crisser le gravier de l'allée offrant ainsi le spectacle de deux gentilshommes parfaitement banals, sur le point de rejoindre leur maisonnée. Car il n'avait pas mis fin à cette proximité intime par lassitude mais bel et bien pour les apparences uniquement. Il connaissait trop bien Paris pour savoir ce qu'on risquait même en tant que vampire, à ne pas correspondre aux idées populaires. Même s'il n'avait perçu leurs pensées, il aurait su aussi que les gardes n'ignoraient pas son nom, se faisant une fierté comme tous les Parisiens, d'avoir l'air de tout savoir sur tout le monde. Ah qu'elle était maillotinière cette si belle cité… Pourtant, il était inutile de donner du grain à moudre à des rumeurs capables de donner des prétextes pour des mises à sac, quand bien même il ne craignait pas pour sa vie, le bonheur d'un vampire se trouve dans la discrétion et la paix de sa maison.

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